Une AOC pionnière

L’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) Arbois, établissant un cahier des charges très strict pour la conception des vins, est une AOC un peu particulière : elle est tout simplement la première a avoir vu le jour, en France, le 15 mai 1936.

Le nom d’Arbois provient du celte, « ar » et « bos », signifiant à eux deux « terre fertile ». Le vignoble arboisien est aujourd’hui largement dominé par les vins rouges, avec plus des deux-tiers de la production orientée en ce sens. Les marnes calcaires permettent l’épanouissement des cinq cépages jurassiens (Trousseau, Pinot Noir, Ploussard, Savagnin et Chardonnay) sur une douzaine de communes, de la plaine d’Abergement-le-Grand, jusqu’à la reculée des Planches-près-Arbois, plus fraîche.

Le vin d’Arbois a également acquis ses lettres de noblesse avec un chercheur célèbre, qui avait son laboratoire à Arbois : Louis Pasteur. C’est lui qui identifie les maladies du vin, à l’aide de sa parcelle de vigne à Montigny-lès-Arsures, une plantation encore cultivée aujourd’hui. Le vignoble s’est aussi doté un dicton célèbre, bien que rarement vérifié, au fil des diverses célébrations viticoles : « Le Vin d’Arbois, plus on en boit, plus on va droit ! ».

Un vignoble atypique

Les vins du Jura sont surtout connus pour le Vin Jaune, donnant son nom à la populaire Percée du Vin Jaune, et le Vin de Paille. Le Vin Jaune, élaboré à partir du cépage Savagnin, consiste en un élevage sous voile de bactéries, en ne compensant pas l’évaporation du vin dans le tonneau. Le fût est ainsi laissé « tel quel », pendant six ans et trois mois minimum. Ce repos forcé donne au vin une couleur mordorée, et un « goût du Jaune » créé par l’oxydation naturelle du vin. Les raisins des vins de Paille sont eux récoltés et placés dans des cagettes de paille, pendant trois à cinq mois, pour augmenter la concentration de sucre par déshydratation. Le tout donne un vin liquoreux de grande garde, avec une robe dorée et des arômes de fruits secs et fruits confits.

Le vignoble du Jura est aussi connu pour le Trousseau, cépage dont la capitale mondiale est Montigny-lès-Arsures. Il serait, selon les dernières analyses génétiques, un descendant du cépage Savagnin. Sa robe rubis et sa longueur de bouche surprenante ne doivent pas faire oublier qu’il est très exigeant et nécessite un terroir particulier d’argiles à chailles pour arriver à pleine maturation.

Malgré ses cépages très caractéristiques, le vignoble du Jura reste anecdotique au vu de la production française annuelle : à peine 0.2%… Pourtant, avec 7 AOC et des paysages viticoles somptueux, il reste une destination privilégiée des amateurs d’œnotourisme. Et si vous, vous franchissiez le pas ?